Avez-vous déjà mesuré, compté ou évalué votre consommation de papier toilette ? Je ne m’adresse évidemment pas à ceux qui n’utilisent pas du tout de papier toilette et qui se rincent avec la main gauche et l’eau du seau, non, ici je parle à tous ceux qui consomment un rouleau de papier toilette.
C’est ce matin que mon regard de reine se pose sur le rouleau depuis mon trône et je me dis qu’il est là depuis plus d’un mois et non, je ne souffre pas de constipation, je me porte parfaitement bien de ce point de vue, une, deux, voire trois fois par jour et je ne compte pas les pipis après lesquels je m’essuie également. Et je remarque que ma consommation a pris un rythme digne d’un paresseux, et cela ne reflète en rien ma personnalité. Alors quoi ? Que se passe-t-il dans le lieu secret de ce royaume où l’on est roi sans sujets ? mais le sujet du jour me laisse perplexe.
La consommation de papier toilette, donc. Oui, je sais, de plus en plus de gens, dont certains que je connais bien, utilisent des petites serviettes en tissu faites maison et les lavent au fur et à mesure, c’est écologique et économique. Mon amour pour la planète n’a pas encore dépassé ce stade.
Et oui, j’avoue que j’utilise du papier toilette en rouleau. Du papier recyclé, quand j’en trouve.
En Suisse, j’ai constaté qu’en moyenne, à moins d’avoir réalisé un exploit, la plupart des gens utilisent un rouleau par semaine et jettent le reste de leur trace intestinale dans les toilettes. Horreur ! », crient les écologistes. Le reste leur fera plaisir, un peu, mais pas tout à fait.
En Grèce, à peu près partout dans le pays et a fortiori dans les îles, on ne jette pas le papier dans les toilettes, car les canalisations ne sont pas prévues pour cela et encore moins les compartiments qui recueillent les eaux usées. Je peux en témoigner. Ici, j’ai déjà dû faire venir des ouvriers à quatre reprises pour déboucher les canalisations (et pas seulement à cause du papier torche). Oui, il suffit de cuisiner beaucoup et de manière grasse (huile d’olive exigée, hé ! nous sommes en Grèce), de se doucher avec trop de savon et de se shampouiner à outrance pour qu’un amas de graisse vienne boucher les coûteuses canalisations.
Je peux vous assurer que ce n’est pas mon cas, mais comme la maison est utilisée par de nombreux voyageurs de passage, je dois rappeler à mes locataires qu’ils doivent utiliser le savon, l’huile et le beurre avec parcimonie. Yes ! Vive l’écologie, vive l’économie, vive la vie et j’en reviens à mon papier toilette.
Nous l’utilisons, car je n’ai pas installé de douche anale, et nous le jetons dans une petite poubelle prévue à cet effet. Comme la petite poubelle est très petite, on ne peut pas mettre de conteneur dans une salle de bains et la poubelle se remplit très vite. Pour avoir moins de travail et ne pas devoir la vider tous les jours, on utilise donc moins de papier et le rouleau normalement utilisé par semaine se réduit de moitié, voire d’un quart ! Car on apprend à l’utiliser avec parcimonie. On prend quelques feuilles que l’on aime colorer, on les plie et on les plie et ainsi, au lieu de se servir deux ou trois fois, on gagne du terrain en économisant le papier.
L’écologie triomphe grâce aux plus petits détails. Victoire
Mais là, mon cœur se brise. Alors que j’ai gagné la bataille des toilettes, je me heurte à Goliath : le plastique. Ici, le plastique est roi, je pourrais presque me croire en Afrique ou en Asie et mon combat n’est pas celui de David. Lui, au moins, a vaincu le géant. J’essaie par exemple, et je vois que ça marche bien, de mettre plusieurs aliments dans un seul sac plastique et d’obliger la vendeuse à coller plusieurs étiquettes sur le même sac. Au début, c’est une galère où il faut mettre l’étiquette. Pour la première étiquette, on n’a évidemment pas besoin du cerveau d’Einstein, mais la deuxième ? à côté, au-dessus, en dessous, tout près, un peu plus loin ? et la troisième, la quatrième ? et comment la caissière va-t-elle s’en sortir si elle en oublie une ? Après trois ans, je constate que cette approche s’est imposée. Je sens que des ailes me poussent.
Et j’abandonne la lutte avec l’élastique ! Tout, fromage, viande, produits précuits, olives, câpres, poulet rôti, tout est emballé, oui, dans un papier légèrement sulfuré ou une boîte plastifiée, mais comme cela ne suffit pas, on fourre le tout dans un sac plastique sur lequel on colle une ou plusieurs étiquettes plastifiées, et en plus, pour être sûr que tout tienne, on nous donne un élastique. UN ÉLASTIQUE !

J’ai essayé de rapporter les sachets collectés pour une deuxième utilisation. Ok, au marché, on peut le faire, mais pas dans les magasins. J’utilise le sac en papier chaque fois que je peux, mais il ne tient pas avec les fruits et légumes humides… qualité moindre et à nouveau du papier, donc abattre des arbres, donc réduire les forêts, donc manque d’oxygène….et je perds la bataille avec l’élastique. Je suis en train de désespérer. Mais qu’est-ce que c’est que cet amour immodéré pour l’élastique ? je ne comprends pas.
Mon ami, mon amie (non, l’écriture inclusive ne passera pas !), as-tu besoin d’élastiques ? J’en fais le commerce maintenant, j’ouvre une boutique…..
Cher lecteur (oui, en français, même si on s’adresse à des lectrices, on peut laisser le substantif au masculin dans une généralisation) conseille-moi : que dois-je faire dans cette guerre des élastiques ?
Ça y est, à peine ce message publié, elle reçoit sa première réponse d’Anne, qui a vu l’article suivant, dont je cite les dernières lignes :
Dioxines à Lausanne : les lignes bougent !
A plus long terme… La pollution inattendue de Lausanne, au-delà des mesures immédiates de protection de la population que l’on peut tenter de prendre, pose une question plus profonde et plus complexe, celle de notre mode de vie.
Car si certaines activités humaines, comme la sidérurgie, ne semblent pas si faciles à limiter dans l’immédiat, il est évident qu’il faut penser aux déchets, et notamment aux déchets plastiques.
Le plastique est partout, il pollue directement ou indirectement les rivières lorsqu’il se décompose, ou l’air lorsqu’il est brûlé.
Ces molécules chimiques, transformées à partir du pétrole, ne cessent de dégrader notre environnement et d’affaiblir notre santé.
Il est grand temps que nous passions à des matériaux alternatifs, notamment au plastique de chanvre ! (6,7)
En toute solidarité,
Julien
Je ne connais pas ce Julien, mais il est bon de rappeler qu’au 19ème siècle et jusqu’au début du 20ème siècle, de nombreux champs de chanvre et de lin étaient exploités en Suisse et ailleurs. À cette époque, ces matières nobles et écologiques étaient encore largement utilisées pour la fabrication de tissus.
Pourquoi ne pas se tourner vers ces matières pour remplacer ce monstre pratique qu’est le plastique ? Question d’espace ou de rendement ?
Et si j’obtiens d’autres réponses, je les publierai probablement. Merci