Antoinette le retour ou
L’épopée à travers les âges ou
Retour : surprises, surprises ou
Kata ou cata ou
Incroyable dans ce siècle ou
Temps de codivision ou
Heure suisse, heure grecque via l’heure bulgare ou
Un raccourci qui s’avère être un incroyable rallongi
En bref : notre retour en Grèce du 3 au 6 mai 2021 est tel que je n’arrive pas à trouver un titre pour cette histoire.
Je suis aussi confrontée à l’énigme de ne pas savoir par où commencer !
Une grande partie de cette histoire est entrelacée de malentendus – de souhaits que j’apprécie – de rires et de situations inattendues mais aussi de surprises totalement étranges.
En commençant par la fin, vous pourriez comprendre dès le début pourquoi et comment. Mais non, je garde une morale et une cerise sur le gâteau pour la fin, pour une relecture délicieuse.
En tout cas, je ne vous dis pas tout cela pour vous débarrasser de moi et en aucun cas pour vous décourager de voyager. Certainement pas. Mais un voyageur informé en vaut deux, n’est-ce pas ?
Voilà : Kostas, très prudent avec le Covid, voulait éviter les problèmes sur le ferry de retour d’Ancône, estimant, à juste titre, que sur le ferry nous serions confinés (climatisation et virus réunis) dans un espace potentiellement plus dangereux que la cabine de notre voiture. J’étais d’accord, surtout parce que j’aime conduire et voir des paysages. La découverte de Belgrade faisait partie du plan. De plus, notre voyage nous coûterait moins cher que par le ferry.
Nous ne sommes pas entrés dans Belgrade ! mais nous avons tourné en rond comme des bourriques sur l’autoroute, car mon GPS était très indépendant. Sans nouvelles modifications, puisque je ne l’avais pas mis à jour depuis que je l’ai acheté en 2017.
Tu veux compter mes erreurs, nos erreurs ? C’était l’une d’entre elles.
Mais là j’ai pris un raccourci dans mon récit.
Ainsi, la joie au cœur, nous avons d’abord payé 350 francs en Suisse pour notre test PCR, dont personne ne nous a demandé le certificat. Pour des voleurs qui savent que leurs tests ne coûtent qu’environ 20.00, je commence déjà à être en colère.
Alors j’abandonne, ce n’est pas à moi de changer quoi que ce soit à cette épreuve insupportable que sont les saisons Covid.
Lac des 4 cantons – 1ère étape café-pipi.
Tout va bien, nous sommes heureux.
Milan-Venise nous avons compté 36 camions en 1 minute = 2160 par heure. Calculer : le voyage dure 4 heures. 8640 camions, cela représente 25 920 passages pour 12 heures de trafic intense par jour. Quelle belle vie pour les résidents.
Eh bien, nous sommes juste impressionnés… négativement, mais nous sommes ici, philosophant sur les nouveautés de notre époque, occupés à calculer, essayant de meubler le temps et toujours heureux de quitter notre chaud nid suisse pour trouver notre paradis à Tinos.
La vie est belle et un merveilleux voyage va avoir lieu dans les prochaines heures. Il nous reste 48 heures. Un peu moins maintenant, avant que le test ne soit plus valable. Tout va bien. Et nous ne comprenons pas pourquoi les Suisses ont si peur de voyager. On a l’impression que tout le monde est en voyage, il y a tellement de gens sur la route. Où, quoi, comment, pourquoi ….quarantaine…. qu’est-ce que ça veut dire ? Il semble que personne ne soit préoccupé par ce Covid. Pourtant l’Italie en a payé le prix le plus lourd.
Slovénie, marché de vignettes. 15 euros pour 7 jours.
Arrêtez ! Stop !….. la police !
Nous préparons nos certificats d’examen, nos cartes d’identité, nos plaques d’immatriculation…
2 gendarmettes – femmes policiers tournent autour de la voiture, l’air extrêmement curieux. MRD, ma voiture est très cabossée. C’est autorisé dans un pays comme celui-ci je crois, ou bien ?
C’est l’ancien bloc soviétique, on ne sait jamais. La seule chose qu’elles voulaient, c’était – nous mettre une amende – si nous n’avions pas l’autocollant de la vignette. Je collectionne les centimes, les centimes, les centimes… c’est le grand motif. Mammon est exigeant partout. Mais tester le Corona ? laissez tomber, on s’en fiche et on va vérifier votre vignette. Lors de notre voyage en ex-Yougoslavie, nous avons vraiment eu l’impression que Covid-Corona, heu…kesaco ; qu’est-ce que c’est ?
La Croatie. La fatigue est palpable. Belgrade est encore loin. Avec les conseils d’amis serbes sur la circulation dense et les embouteillages qui en résultent, on abandonne le rêve d’y aller pour dormir. La Croatie s’allonge plus que prévu, mais pour nous, le voyage prend des rallonges. Nous n’en pouvons plus.
Nous cherchons donc un hôtel. 22 heures sont écoulées. Nous ne trouvons aucun place sécurisée car la voiture est chargée à bloc, même sur le toit et nous ne pouvons prendre le risque de la parquer n’importe où.
Autour de Zagreb que nous voulons éviter, nous tournons, tournons, tournons. Ils se moquent de nous ou quoi ? On prend deux fois les mêmes sorties. Oh bien, nous essayons de comprendre mon satané GPS et finalement, après 1 heure et 30 minutes de carrousel, nous sortons et trouvons la bonne direction. Usés et un peu énervés. Mais bon… ça fait partie des plaisirs du voyage, non ?
Stationnement dans un parking sur l’autoroute.
Kostas à moitié endormi, ronfle à mes côtés
Je me gare et je m’endors.
Avec 1h1/2 de sommeil inconfortable, dans 3 parkings consécutifs, j’avance. Mes yeux brûlent. Kostas récupère, il peut conduire et je peux dormir un peu.
Tout va bien. Fatigués et heureux. Les routes en Croatie ne sont pas si bonnes et nous roulons plus lentement.
Kostas commence à présenter les aspects négatifs des pays que nous traversons pour faire ressortir les aspects positifs de la Grèce. Ah, les belles autoroutes grecques… etc….etc. Les Grecs sont fiers de leur pays. J’entendrai parler de la Grèce jusqu’à ce qu’on en arrive aux coutumes grecques. Mais là, je vais trop vite. Les préliminaires ne sont pas terminés.
Passons par la douane serbe. Première escroquerie à l’essence. Ils me demandent au moins le double du prix que je paie en euros. Et comme je ne connais pas le taux de change, je me laisse tromper et cela arrivera encore 3 fois. Je n’ai pas encore réalisé que le prix du voyage augmente considérablement.
L’arnaque de haut niveau arrivera bientôt en Macédoine.
Nous sommes toujours heureux, la nature est belle, nous découvrons des paysages, nous conduisons bien malgré la fatigue. Il est certain que ce soir nous serons en Grèce avant la fin des 72 heures de validité du test. Nous le pensons. Nous le savons.
Macédoine. Documents. Ok. Ok. Nous sommes en ordre.
Pas tout à fait ! Carte verte siouplaît ! Je la cherche, je cherche tout et partout, 1 x 2 x……. la trouve enfin.
Non, ce n’est pas valable, M’dame, c’est celle de 2019. Et merde, merde, merde. Je ne suis pas d’accord : oui, Monsieur le douanier, je paie mon assurance, c’est obligatoire, bien sûr, je suis en ordre…
Je lui fais une proposition : je vais appeler mon assureur et il me l’enverra par courrier électronique, d’accord ? Non, pas d’accord. Et merde, encore. Que dois-je faire ? Les douaniers parlent dans leur cage pendant que je réfléchis et appelle mon assureur. En fait, comme je suis souvent en Grèce, c’est ma fille qui reçoit mon courrier depuis quelques années. Elle le classe diligemment pour moi, mais il ne m’est jamais venu à l’esprit de chercher ce fichu papier vert depuis 2-3 ans.
Oh, Antoinette, Antoinette, tu n’es pas sérieuse. Malheureusement, c’est vrai. Dans la comptabilisation de mes erreurs, vous en êtes où ?
Pendant ce temps, Kostas, bon comme le pain ainsi qu’à son habitude, ne m’en veut pas et tente d’aborder avec courtoisie et tact les douaniers qui étaient apparemment en train de terminer leur mystérieuse réunion.
Alors, que pouvons nous faire messieurs ? demande Kostas Et après des consultations secrètes dans une autre cabine, il revient vers moi et me demande 60 euros. Je n’en ai que 55. Ce bakchich sera-t-il suffisant pour eux ?
C’est suffisant pour eux. Mais pas devant la caméra, s’il vous plaît.
Allez-y, circulez, il n’y a rien à voir ici.
Si j’avais su qu’ils abandonneraient si facilement, je leur en aurais donné 40 ! 1ère leçon sur l’art de négocier les bakchichs.
Ouais, bien, ok, très bien, sortons d’ici, le temps s’écoule, les heures s’écoulent.
Le stress augmente et nous savons qu’il n’est pas possible de dépasser la limite de vitesse sous peine de lourdes amendes. Nous sommes prudents bien que pressés.
Fichu Covid, fichu test. Nous sommes épuisés et nous rions de cette situation kafkaïenne. Mais nous avons aidé les pauvres douaniers de l’ARYM à s’en sortir. Nous sommes gentils, nous sommes généreux. Tout va bien, nous devons juste arriver à la douane à temps.
Et vive la Grèce, nous y sommes presque. Nous sommes heureux. Ce soir nous dormirons chez notre ami Heraklis près d’Athènes, à Marathon ou pourquoi pas à Thessalonique. J’ai lu un livre sur la terrible histoire de cette ville et je serais intéressée de voir comment elle s’est sortie des tragédies des dernières guerres. Discutons en, oui, non… on verra quand on y sera.
L’histoire est que nous n’y arriverons pas !
Douane, sortie de Macédoine. Tout est gris, les bâtiments, l’atmosphère lugubre de l’ère post-soviétique. Nous sortons. A quelques dizaines de mètres, la Grèce et son grand drapeau bleu et blanc.
Documents. Ok. Mais vous êtes Suisse ! Alors oui, ce n’est pas un défaut ou si ?
Et nous apprenons qu’en tant que Suisse, vous n’êtes pas autorisé à entrer en Grèce depuis un pays européen non membre de l’UE à certaines douanes ! C’est la surprise du chef. Quoi ?
Impossible de négocier. Et Kostas m’interdit d’offrir un pot-de-vin. Pourquoi pas ? Nous venons de traverser un tel épisode. Non, NON, NON … la corruption des fonctionnaires grecs n’est pas très courante et elle peut nous coûter cher. L’aire des colonels est encore bien présente. Le comportement intransigeant, dur des autorités est bien visible. s’ils nous spolient c’est ok, nous n’avons pas à réagir, juste courber l’échine, mais en aucun cas nous ne pouvons les manipuler ou les tenter. Les barreaux bien verticaux d’une geôle ne m’attirent pas plus que ça….
Bon et alors ?
Très simple, M. le douanier, n’est-ce pas ? Nous devons retourner en Macédoine (carte verte ! oh non, pas un 2ème bakchich, ce voyage commence à coûter plus cher que prévu).
Nous avons donc retraversé les dix mètres jusqu’à l’entrée de la douane en Macédoine. Je suis au volant. J’explique, rapidement, un peu énervée – on le serait à moins – que je viens de passer leur foutue douane il y a 10 minutes et que ce n’est pas pour mon plaisir, que la Grèce me refuse l’entrée, promesse idyllique, et ceci et cela et l’autre… et qu’il faut quitter leur pays européen non UE pour passer en Grèce depuis la Bulgarie qui est un pays européen UE !
Le gars ouvre de grands yeux, surtout que je confonds tous ces pays et qu’il ne comprend rien, mais il nous laisse passer sans me demander ma carte verte. Heureusement, j’en devenais rouge !
Nous voilà donc confrontés à un détour inattendu de 140 km, sur des routes étroites, pleines de chiens errants, de charrettes, d’ânes et d’enfants jouant dans la rue.
Nous nous arrêtons quand même pour appeler l’ambassade de Suisse à Athènes. Juste pour vérifier que ce n’est pas une farce, une confusion, un tour, une caméra cachée ! Oh non, les caméras sont clairement visibles, ce n’est pas ça.
Après 15 heures, ils ne fonctionnent plus nos fonctionnaires en Grèce.
Via Heraklis, notre ami, nous essayons d’atteindre le bureau de douane grec à la frontière bulgare pour nous assurer qu’ils ouvrent les portes. Rien à faire. Après 4 numéros invalides et rien de convaincant, je décide de suivre l’ordre du douanier : Il nous a dit de partir, alors on part. Kostas accepte, contre vents et marées, de bon cœur, dirons nous pour ne pas dire exactement l’opposé.
Et puis je ris comme une bossue. La vie est certainement pleine de surprises. Ceux qui ont entendu l’histoire que j’ai écrite sur notre rencontre le comprendront : la vie nous réserve bien des surprises !
Kostas, il y a quelques années, avait essayé de faire un voyage en Bulgarie avec quelques amis. Ils avaient parcouru quelques dizaines de kilomètres. Et face à une misère évidente, ils avaient décidé de retourner illico presto en Grèce car ils étaient trop bouleversés de voir une telle tristesse, une telle misère. En conséquence, il s’était juré de ne plus jamais se rendre dans ce pays. La situation me fait rire aux éclats. Il rit moins, mais que puis-je faire d’autre ?
Et je ris encore plus parce que mes yeux et ma curiosité sont complètement différents des siens. Comme vous le savez, j’aime découvrir, j’aime le changement, et dans mon cœur, j’avais un désir secret qui n’avait pas été satisfait jusqu’alors dans ce voyage. Je n’en avais même pas parlé. Mais Celui qui sonde nos cœurs et nous connaît mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes, le savait.
En étudiant notre itinéraire sur le site Michelin 2017, j’avais remarqué qu’après Belgrade, il n’y avait plus d’autoroutes et que nous allions emprunter de petites routes nationales jusqu’au nord de la Macédoine. Cela me permettrait de traverser des villes et des villages et d’avoir le plaisir d’observer la vie du pays. Je lisais des suggestions et des encouragements pour nous arrêter dans des petits bistrots, boire et manger des produits locaux, etc. J’apprécie tout cela. Je regarde, je vois, j’observe, j’écoute, je parle, je partage, je goûte, j’aime.
Mais j’ai été très déçue de ne voyager finalement que sur les autoroutes et de ne manger que des sandwichs sans goût. Mais nous devions faire la route le plus rapidement possible et je n’ai du m’adapter aux exigences qu’en raison des 72 heures nécessaires après le test moléculaire covid. Merci Michelin. Peut-être pourras tu te mettre à l’heure et constater que les pays se modernisent plus vite que tes cartes !!!
Le rire et la joie. Dieu merci, c’est un cadeau. Je vais voir du pays. Et je ris, je ris. Kostas et moi, on rit beaucoup d’habitude, et maintenant il sourit, un peu. Pas dans le jaune, mais proche, ce qui me fait encore plus rire.
Et j’apprécie ce détour, malgré l’inclinaison de la lumière du jour. Et je vois les nids de cigognes, les cigognes, qui me rappellent mes voyages en Roumanie. Et la nature : les vastes prairies, les arbres variés et merveilleux, les fleurs, l’état des maisons, leur organisation, les animaux, la vie au crépuscule, les gens, leur situation, leurs vêtements, leurs occupations, je suis contente et je continue- Bien sûr, la Bulgarie n’est pas opulente, et Kostas n’est pas aussi triste que lors de sa première expérience.
On roule, on roule. 140 kilomètres de routes qui ne portent pas toujours leur nom ne se font pas en 15 minutes. Nous avons encore du temps devant nous, puisque la date limite est fixée à 8h42 demain matin en Suisse, donc 7h42 en Grèce, s’ils acceptent de travailler avec le décalage horaire. Pas de panique à bord, on va y arriver.
140 km, et il est environ 18 heures, peut-être 19 heures, je ne sais pas. Il nous faudra au moins 2h30, peut-être 3 pour arriver à la sortie de la Bulgarie, après être repassés par la sortie de la Macédoine.
Quand on arrive en Bulgarie, ils fouillent notre voiture. Les pneus de nos vélos les surprennent. Surtout que nous n’avons pas de vélos avec nous. Ils arriveront par camion dans les prochains jours – nous expliquons. Nous devons ouvrir le coffre. Rempli à ras bord, le contenu tombe sur la route. Rien de très important. Ce qu’ils veulent faire, c’est s’emparer de nos cigarettes, mais bon sang, nous sommes de mauvais clients : nous ne fumons pas. Tout cela se passe de manière très cordiale. En anglais, en grec, en bref nous quittons ce pays européen pour atteindre la frontière grecque.
Et là, le désastre nous attend ! Il est presque 22 heures, heure suisse, et je n’y pense pas, je m’en rendrai compte un peu plus tard, après avoir fait l’expérience de l’absurde, mais là, il est 23 heures, heure grecque, et bientôt cela aura toute sa signification.
Mais pour l’instant, je suis fatiguée. J’ai écrit tout ça d’un trait, je vais me coucher et je vous raconterai la suite demain. Bonne nuit.
En attendant, vous pouvez aller voir le site de Kostas : vithuranos.com en grec pour l’instant, avec un peu d’anglais et de français ici et là.
Bientôt il sera dans ces 2 langues et j’ajouterai le grec au mien.
Je poursuis
Reposée, je continue mon voyage initiatique. Eh bien, non, ce n’est pas le mot, mais j’aime bien et, d’une certaine manière, j’ai été initiée, ayant plus appris de ce voyage que par l’avion ou par la merveilleuse Italie en ferry. Je constate que j’ai omis de vous donner quelques détails croustillants que vous feriez mieux de connaître avant de nous suivre sur la route. Parce que vous venez en voiture, n’est-ce pas ?
En Macédoine, Kostas m’a prévenue : nous allons vivre le cirque, au pays du cirque !
Outre l’histoire de la carte verte, nous avons eu le plaisir d’essayer les péages, et là, nous sommes morts de rire : ce n’est pas rien. Eh bien, oui, il y a de petits gains. D’où vient cette expression ? Dans tous les cas, les petits ruisseaux contribuent aux grandes rivières, aux lacs et aux mers ! C’est ce que doivent penser certains des gars qui travaillent aux postes de péage. Laissez moi vous expliquer : Kostas au volant donne 2 euros au préposé à la caisse. Malheureusement, les 2 euros sont tombés. C’est sur le sol, nous dit le gars. On ouvre la porte pour vérifier. Pas un centime sur le sol. Et le gars nous dit qu’ils sont tombés dans la voiture. Bon, on redonne 2 euros et Kostas est sûr, il avait la main dans leur caisse, les 2 euros, ils sont tombés, et ils sont tombés dans leur caisse !!
On s’en remettra, mais cette tactique nous fait rire. Il est vrai que si le type voit passer 10, 100 ou 1000 voitures par jour, il peut se faire un petit pactole. Mais nous savions que nous ferions l’expérience du cirque en Macédoine.
L’autre aspect permettant de gagner de l’argent facilement est le piège du touriste conducteur. Les voitures roulent trop vite, alors que les panneaux indiquent 80 km/h, puis 50 mètres plus loin, 70 km/h, puis à nouveau 80 et soudain 60. Bref, gaz, freins, gaz, freins, gaz, freins, gaz, freins, on fait attention, on nous est prévenus que les voitures étrangères si elles sont prises au radar, paient une lourde amende.
Et moi, qui aime conduire… vite, je ronge mes freins. Finalement, je m’adapte, je suis raisonnable.
Et les paysages sont parfois majestueux. Ce ne sont pas les gorges de Verdun, mais cela vaut le détour.
Je reprends mon histoire là où je vous ai laissé, haletant, la langue sortie, peinant à respirer, assoiffé d’en savoir plus et affamé de l’épilogue. Nous y arriverons. La solution prendra quelques heures et quelques étapes. Nous sommes loin d’imaginer les derniers obstacles.
Il est donc un peu moins de 22 heures, heure suisse. Nous ne pouvons pas entrer en Grèce. Un détail, qui n’en est pas un, est que nous n’avons pas accompli les formalités pour obtenir notre PLF, notre permis personnel de la Grèce…..Les voyageurs par avion sont automatiquement avertis de cette formalité, mais par voiture….nous ne savions rien de cette nouvelle mesure.
Citation de Google: Suite aux décisions du gouvernement grec, nous vous informons que chaque passager international (de toute nationalité) à destination ou en provenance de la Grèce (pour les résidents permanents en Grèce uniquement) est tenu de remplir le formulaire de localisation des passagers par voie électronique au plus tard la veille du jour d’entrée dans le pays. Ce formulaire doit être rempli comme prescrit par les autorités grecques conformément au document (PLF)
Oui, vous avez bien lu, depuis n’importe quel aéroport ! Et nous sommes en voiture. Et un peu plus loin :
Avant de partir pour la Grèce (Toute nationalité)
- Il est obligatoire pour tous les passagers internationaux arrivant en Grèce de remplir le formulaire de localisation des passagers par voie électronique, au plus tard un jour avant d’entrer dans le pays. Les autorités grecques de protection civile peuvent imposer une amende administrative si un passager n’a pas rempli le PLF.
- Les passagers recevront un code QR, qui sera utilisé par les autorités grecques de protection civile pour effectuer des contrôles aléatoires COVID-19 à l’arrivée.
- Les passagers doivent être en possession de leur code et être en mesure de présenter ce code QR aux autorités à l’arrivée, par voie électronique ou sur papier.
- Si un passager n’a pas soumis une demande PLF électronique, comme indiqué, et ne peut pas fournir la preuve de cette demande ou présenter le code QR, il ne sera pas autorisé à entrer dans le pays.
Eh bien, nous avions oublié que lorsque nous avons repris l’avion pour la Grèce en juillet, nous avions accompli cette procédure formelle. Mais Noël, les amis, les fêtes et tout le travail que nous avions en Suisse ont eu raison de notre mémoire. Je modifie ma maison pour la préparer à la location, je crée et travaille sur nos 2 sites web, je continue la traduction et prépare le livre sur les années à Antiparos quand Kostas y était DJ, j’ai donc l’esprit bien occupé…
Nous sommes donc dans une situation difficile. Le douanier, qui est très gentil, nous conseille de retourner en Bulgarie, de nous arrêter à une station-service, de nous connecter et de remplir ce formulaire.
L’affaire avait été évoquée, vaguement, mais avec notre anglais de vache espagnole. Kostas et moi ne nous comprenons pas toujours. Il avait l’idée de ce que nous devions faire, mais la façon dont il en parlait m’a fait comprendre que tout ce que nous devions faire était d’allumer nos ordinateurs et de montrer les codes QR de notre voyage de l’année dernière. Mais quelle absurdité, je n’ai rien compris et si j’avais pu comprendre, nous l’aurions fait en Macédoine ou en Bulgarie et nous nous serions présentés prêts au bureau de douane de Premahon, car déjà à Evzoni, à l’autre bureau de douane, le douanier nous avait chuchoté quelque chose comme ça, mais trop pressés de courir ces fichus kilomètres et d’arriver à temps, si possible avant la nuit, l’information sur le formulaire PLF a volé au-dessus de nous comme le vol d’une cigogne au-dessus d’un nid de coucou.
Nous faisons demi-tour. Douane bulgare à nouveau, nouvelle explication, et le douanier, presque hilare, nous laisse passer sans aucune difficulté, et il sait que nous le reverrons bientôt. Combien d’entre nous ont fait le même cirque ?
Il se fait tard. La nuit s’est largement emparée de l’endroit, et au lieu d’aller dans une station-service, comme on nous l’avait conseillé, nous nous arrêtons dans un restaurant, commandons un terrible steak en papier-plastique (nous ne saurons jamais de quoi il était fait), buvons un Coca et nous mettons au travail avec le mot de passe Wi-Fi, ou ce que nous pensons être le mot de passe, car ici aussi, le temps nous a joué des tours.
Après avoir essayé d’écrire le code en majuscules, en minuscules, en majuscules et en minuscules, en minuscules et en majuscules, en se trompant dans les 4 ou 4 zéros, en essayant de comprendre ce que la serveuse fatiguée, enthousiaste mais pas très brillante, nous a donné par écrit, finalement lassée, puis au bord de la crise de nerfs, j’attrape le cuisinier, qui en moins d’une seconde me donne la solution, arrrghhhhh…..
Et on se met au travail, mais alors, le comble du comble. Incapables d’obtenir notre passeport pour le paradis, ça commence à ressembler à l’enfer. Quand j’ai enfin trouvé, ou plutôt essayé sans savoir que ce sera notre clé, j’ai mis, au lieu de la date du 5 mai pour notre retour, celle du 6. Et bingo, ça marche. La connexion entre mon ordinateur et mon téléphone n’a pas encore été établie. Dommage. Je montrerai donc le code QR depuis mon ordinateur.
Et pourquoi la date du 6, vous demandez-vous ? Pour une première raison, ce sera le 6 mai dans 30 minutes, mais pour l’instant je n’en ai aucune idée, car j’ai une belle montre au poignet, mais elle n’est pas connectée. J’ai donc encore du temps en Suisse. Et pour une deuxième raison que vous comprendrez dans environ ¾ d’heure. (Eh bien, ¾ d’heure sur le terrain, pas dans votre lecture).
Au même moment, à mes côtés, Kostas pédale dans les choux, incapable de se connecter. J’essaie de l’inclure dans mon ordinateur en tant que passager. Je n’ai pas besoin de vous raconter les détails, mais tout ça nous a pris plus d’une heure. Finalement, nous avons réussi !
On part, on passe la douane bulgare, on re-re-re-arrive à la douane grecque et là, crise, crise je vous dis ! CRISIS !
Sur ma montre suisse il est 23h, mais du côté grec où nous voulons passer, donc du côté grec il est minuit moins quelques prunes et les douanes sont fermées depuis 1 heure ! !!!!!!. Non mais, il ne pouvait pas nous dire l’autre haricot (= haricot en grec, c’est une belle insulte, le préféré de Kostas), non mais, le haricot précédent aurait pu nous prévenir. Nous sommes tous les deux bouche bée, dégoûtés. Il n’y a rien que nous puissions faire. Nous n’avons plus de mots. Intransigeance. On ne passe pas. En revanche, nous repassons la douane bulgare, le douanier nous tient en de bonnes mains, nous n’avons même pas besoin de dire quoi que ce soit. Nous sommes devenus copains comme cochons et il nous reverra sûrement le lendemain.
Un hôtel, un hôtel, Kostas refuse catégoriquement de dormir une autre nuit dans la voiture.
Quatre heures et demie de sommeil, car le temps se réduit comme une chaussette lavée à 90°. Nous devons absolument être au bureau de la douane grecque à 7 heures du matin, car nous voulons être sûrs d’avoir suffisamment de temps avant l’entrée en vigueur du test des 72 heures pour entrer en Grèce. Pauvre Antoinette, tu ne sais pas dans quoi tu t’es embarquée.
Nous arrivons donc au bureau de douane à 7h00, ponctuels comme de vrais Suisses. Et tu ne vas pas le croire, mais il est en fait 8h. 8h du matin. Grec !!!! Pourquoi ? Parce qu’il semble qu’en Bulgarie ils ont la même heure que la Suisse ou alors ma super montre soi-disant connectée, m’a joué un mauvais tour. Je n’ai pas vérifié, mais le fait est que nous n’avons qu’une heure pour traverser les quelque 80 mètres devant nous qui sont monopolisés par une vingtaine de voitures arrivées avant nous.
Heureusement, les camions, encore des centaines, sont sur une autre voie. Tous sauf un ! Cela me rappelle une autre histoire.
Sauf un ! Un camion stupide venant d’on ne sait où, qui coupe notre ligne et bloque notre accès à la douane. Je deviens folle. Au secours !
Les chiens bulgares ou grecs à côté de nous mendient de la nourriture, ils sont grands et beaux. Très sales mais sympas.
J’attends stoïquement.
Et finalement, le camion avance lentement et quitte notre voie. La barrière se lève de temps en temps, laissant bien sûr passer une seule voiture à la fois. A chaque fois qu’elle monte, Kostas crie de joie… Est-ce qu’on va y arriver ? Il espère, je doute, j’ai peur.
Payer 350 francs pour ces fichus tests qu’on n’a jamais eu la chance de montrer pour risquer de dépasser les 72 heures et tout recommencer ! !!????? NON NON NON NON.
15 minutes pour passer, 10 minutes, 5 minutes …..
C’est notre tour. Nous montrons tout. TOUT ! La carte verte et blanche sur l’ordinateur, le code QR, les cartes d’identité, les examens, la carte grise. Vous voulez autre chose ? Tout, tout, tout…. et on passe.
Passer ? Pas du tout. Kostas gare la voiture à quelques rues de là. Mais pourquoi, pourquoi diable ?
Nous devons nous rendre, tous les deux cette fois, dans un bureau spécial, un bureau lunaire, où il y a des cosmonautes, pas exactement, mais du personnel habillé en tenue anti-covidienne, et là, nous devons à nouveau montrer nos accréditations. La Grèce a mis en place des mesures de sécurité drastiques ( ! mon œil !).
Nous présentons notre certificat de test. Vous n’allez pas le croire, mais ils les acceptent ! Ok, allons-y , cette fois c’est bon. Non, il faut refaire le test … se refaire chatouiller le nez, attendre 10 minutes (test rapide, et nous savons tous très bien que ces tests ne sont que partiellement fiables). En bref, 10 minutes d’attente et ensuite pleurer, pleurer, pleurer. Toute la tension accumulée sort enfin. Et l’infirmière de service s’inquiète : m’a-telle fait mal ? Non, je la rassure, mais je pleure toujours.
Elle nous fait un signe du pouce et nous dit que c’est bon, on peut partir.
La morale de cette épopée est que les voyages forment la jeunesse et que j’ai pris 30 ans en quelques heures ! Et pas tant que ça, finalement, car le rire est une antidote sûre. Lorsque les événements se sont précipités pour gâcher notre voyage, fermant les portes une à une, j’ai appelé à l’aide. Et d’où venait l’aide ?
Et dans la voiture, je chantais dans toutes les langues, je chantais la victoire sur l’adversité, j’appelais à l’aide. De nombreuses personnes ont prié pour nous. Non, ces portes ne resteront pas fermées. Malgré des moments de nervosité, j’ai gardé la foi et la certitude que tout irait bien.
Au final, ce voyage m’a beaucoup apporté :
Les rires, la certitude que dans les moments douloureux avec Kostas nous arrivons à les traverser sans nous bouffer le museau. Cela m’a permis de voir le pays de l’intérieur, Kostas a également pu traverser la Bulgarie et profiter des paysages. Et nous avons beaucoup ri, car pendant tout le voyage, 8 pays au total, Kostas était partout en train d’identifier les problèmes liés à l’ex-Yougoslavie, à la politique, au communisme et il y avait beaucoup à dire, mais il l’a fait avec humour et pour mettre en valeur la Grèce qui, malgré les nombreuses épreuves qu’elle a traversées, se relève et essaie de marcher la tête haute.
En fin de compte, la Grèce, et KOSTAS doit l’admettre, est celle qui a mis le plus d’obstacles sur notre chemin !
S’attendre au pire – cela ne fait pas partie de mon programme – et nous n’avons pas vraiment vu le pire. C’était juste un voyage avec quelques surprises.
Le plus comique ou le plus tragique, nous le découvrirons dans quelques jours, c’est que nous avons fait ce voyage, comme nous le disions au début, pour payer un peu moins cher, pour visiter Belgrade, et surtout pour éviter la proximité et prendre le moins de risques possibles en matière de Covid.
Le voyage nous a coûté 537,85 euros, plus quelques francs suisses. En ferry, nous aurions payé 450 à 500 euros pour une nuit de sommeil confortable sur le ferry, plus le carburant et les repas. Donc, à cet égard, nous avons gagné quelques piécettes. Oui, mais en échange de quoi ?
Nous n’avons pas visité Belgrade et nous avons rencontré beaucoup plus de personnes que nous ne l’aurions fait sur le bateau. Alors prions pour que nous ne soyons pas infectés, car nous aurions alors de vrais souvenirs de ce voyage, souvenirs dont nous ne voulons pas. Pour l’instant, nous rions et j’espère que dans dix jours, nous rirons encore.
En tout cas, merci à tous ceux qui nous ont soutenus. Cela m’a vraiment fait chaud au cœur. Je ne peux pas tous vous nommer, vous êtes si nombreux. Merci. MERCI.
Aujourd’hui 32°, la mer est belle, nos amis nous accueillent et Tinos nous attend. Dans quelques jours, nous y serons et notre voyage continuera à nous faire rire.
J’espère que vous avez apprécié ce voyage. J’espère que vous savez, comme moi, étudier toutes les formalités requises avant votre départ et que vous continuerez à voyager. Surtout à Tinos, où nous nous réjouissons de vous voir.
A bientôt
Antoinette qui vous aime toujours autant !